2020, une année virale.
Le coronavirus a pris l’humanité en otage.
La maladie se propage en même temps que la stupeur, la crainte, l’isolement, la défiance, la déprime…
Chaque visage a son masque, sourires réprimés, virus contenus…
Dans le regard, la colère, la lassitude, la résignation… la peur aussi.
Sous le t-shirt, des seins saillants, ballottants, libres, fiers.
Au sortir de deux longs mois de confinement contraints par la pandémie, l’Homme se réapproprie la Terre, et la femme se réapproprie son corps.
Dans son confort reclus, la femme s’est émancipée de l’entrave qui enlace sa poitrine, et n’a plus jugé utile de caler sagement ses seins dans les coques ornés de dentelle du soutien-gorge.
En tout cas quotidiennement.
Ainsi lors du déconfinement, elle a préféré savourer la douce morsure du soleil sur son corps topless à la plage, ou reprendre un quotidien démuni de son rouge-à-lèvres sous le masque, et peau nue sous son chemisier, son débardeur, sa robe…
Cette mode n’est pas nouvelle, mais a pris de l’ampleur notamment avec la crise actuelle qui nous a séquestré dans nos intérieurs. Née d’une prise de conscience, elle a conquis plus de femmes que jamais auparavant, qui, sans bouder totalement ce sous-vêtement iconique, se permettent au moins occasionnellement de l’oublier volontairement dans son tiroir.
Elles le savent, le soutien-gorge peut tout-de-même avoir son utilité, outre l’attrait indéniablement sexy qu’il suscite, son rôle de maintien peut soulager du poids des seins, surtout pour les poitrines généreuses, et assurer un joli port sous les vêtements, et ce pour toutes les femmes. Cependant, la contrainte sociale ne devrait pas être un argument, et c’est ce que certaines ont réalisé, cloîtrées entre leurs quatre murs pendant deux mois : elles se plient à une conformité culturelle depuis longtemps établie, et s’interrogent sur son bien-fondé aujourd’hui. Aucune étude ne corrobore l’utilité formelle du soutien-gorge.
Chacune vit avec son corps telle qu’elle l’entend, c’est cela, la modernité. Au regard d’une société qui érotise systématiquement le corps, la tendance du « no bra » n’est pas toujours comprise, ni admise. Hors les notions de beauté et de confort sont propres à chacune. Porter la lingerie ne se fait plus machinalement. Quelle que soit la femme, son âge ou sa taille de poitrine.
Cependant, quitte à se passer du soutif, autant le faire avec classe, et style.
Les poitrines menues qui ont plus aisément le loisir de jouir d’une émancipation du soutien-gorge du fait de leur légèreté nécessitant un maintien amoindri et moins récurrent, peuvent compter sur leur allié : le très large décolleté, celui qui frise l’indécence.
Ainsi les femmes dotées de petits seins moins durement éprouvés par la gravité peuvent s’amuser avec les codes du sexy, sans risquer la vulgarité, et porter :
-Des décolletés danseuse,
-Des cols bénitiers (qui ont l’avantage d’apporter un volume supplémentaire à la poitrine avec ses drapés),
-Des cols bateaux, dévoilant les épaules,
-Des dos nus (qui imposent de se passer de soutien-gorge sous peine de gâcher l’effet)…
-Des robes ou hauts au décolleté plongeant,
-Des robes ou hauts lacés devant, derrière ou sur les côtés,
-Des débardeurs aux bretelles « spaghettis »,
-Des blouses aériennes,
-Des chemises masculines...
Il n’y a nulle indécence dans la subtilité.
Néanmoins pour éviter d’adopter un style trop aguicheur, il est préférable de ne pas cumuler les codes du sexy : vêtements moulants et/ou courts + talons hauts + décolletés profonds…
L’intérêt de ne pas porter de soutien-gorge de temps en temps, outre celui de se sentir libre et audacieuse, est de révéler sa féminité avec une touche de suggestif, dans un look à priori anodin et stylé. Cet affranchissement se marie parfaitement avec les tenues cool d’inspiration hippie, avec ses blouses aériennes, ses habits amples, ses foulards et ses sautoirs..., ou avec les vêtements empruntés au vestiaire masculin avec lesquels la femme peut jouer de son charme finement…
Assumer une poitrine libérée, c’est redresser les épaules, marcher avec assurance, droite et inébranlable, confiante dans des vêtements qui nous ressemblent et dans lesquels nous sommes à l’aise.
Quoiqu’il en soit, la pandémie et le confinement auront eu une incidence sur la mode, ou sur la façon de se vêtir.
Effectivement, une autre tendance a vu le jour après le confinement forcé : celle du port de la chemise de nuit ailleurs que dans l’intimité. Il ne s’agit pas de la mode inspiration pyjama ou du petit haut nuisette sexy en satin ou en soie porté avec un jean brut, mais bien de la longue robe blanche vaporeuse, de mousseline, ornée de broderies ou dentelles, aux manches somptueuses et au décolleté romantique : la chemise de nuit de conte de fées, très rétro, très arachnéenne et d’une élégance bourgeoise. Cette nouvelle tendance s’épanouit timidement sur Instagram, dignement arborée par des influenceuses téméraires. La chemise de nuit, tantôt babydoll, tantôt marquise, bouffante et voluptueuse, aux couleurs poudrées et diaphanes, devient un vêtement moderne, qui flirte, d’apparence, avec l’innocence et l’opulence.
Le confort retrouvé et savouré quelques semaines dans le secret du foyer se veut prolongé en dehors de la sphère intime, comme la nostalgie d’une certaine liberté éprouvée dans nos prisons dorés, que nous n’avions guère le temps d’apprécier dans un quotidien social étriqué de conventions et pressé d’horaires horriblement volatiles. La mode s’inspire du quotidien, et se fait l’étendard de révolutions communautaires.