...Pour fuir les miroirs, et l'image méprisée et honnie qu'ils réfléchissent.
Il est un âge vulnérable où notre image nous dépite... Nous vivons tous ces années où notre corps évolue de l'enfant à l'adulte, mais semble hésiter encore entre les deux stades au cours de sa maturation. Vous en souvenez vous ? Je pense bien que oui.
L'anatomie se développe, le visage affiche une peau grêlée d'imperfections, la tête se remplie de points d'interrogation et de suspension... Des taquineries douteuses émises par des voix éraillées de futurs mâles visent le corps des jeunes filles, pointé du doigt à cause d'une croissance hormonale de sensualité. A cet âge prétendu ingrat, à justes raisons, l'indulgence meurt sous les assauts cruels de remarques désobligeantes, vibrantes d'indélicatesse et de puérilité... Durant ces années de moqueries, de malaise, de mépris, d'insouciance, selon les individus, nous sommes censés bâtir notre estime, celle qui nous maintiendra fier face au monde. Au lieu de ça, pour tant d'entres nous, nous la contemplons s'effondrer avant d'avoir existé. L'indifférence enfantine est enterrée, désormais nous prenons conscience de notre image et de son impact. Pour apprendre à s'aimer soi-même, il faut lire dans les yeux d'autrui de l'admiration, de la bienveillance. Pour ceux qui n'y ont aperçu que le reflet de leur propre jugement, abusivement sévère, ou pire encore, l'image pitoyable d'un être rongé de défauts, accréditée par des paroles bilieuses, le miroir devient un ennemi.
Un miroir ne réfléchit rien de plus que la perception que nous avons de nous même : il nous déforme. En fonction de notre opinion, elle-même influencée par les autres, notre image paraît belle, satisfaisante, quelconque ou hideuse. La subjectivité altère notre reflet.
En tant que conseillère en image et conseillère beauté, ma mission est de rafraîchir le portrait dilué par les larmes, terni par le temps, assombri par la malveillance... La personne qui sollicite mes services et dont les motivations naissent d'un désir de reconnaissance, peut exprimer son amertume ou confier sa honte, nommer son mal-être.
C'est alors peut-être qu'elle prend conscience de l'ampleur de son aversion pour son apparence et de l'impérieux besoin de se plaire enfin.
C'est alors que je lui tends la main.